Aux Etats-Unis, les équipes chargées de la construction du mur promis par Donald Trump entre le Mexique et les Etats Unis font des ravages depuis janvier. En effet, le mur se construit sur l’Organ Pipe Cactus National Monument dans le désert de Sonora, qui va être détruit. Une opération qui est dénoncée par la tribu des Tohono O’odham. Cette tribu amérindienne du sud-ouest des États-Unis, appelée « peuple du désert », considère ces sites comme sacrés.
Notamment celui de Monument Hill, un monument qui marque la tombe des hommes morts lors du massacre de Dawson en septembre 1842 et l’expédition malheureuse de de novembre 1842, également connue sous le nom d’incident du « haricot noir». Ce n’est pas ce monument en lui-même qui est sacré, mais les ruines qui le côtoient, celles d’un ancien château Aztèque datant du XIIème siècle, œuvre d‘un peuple amérindien nommé « Sinagua ». Ces ruines du « Castle A » montrent une architecture complexe, avec 45 pièces et 75 habitants, des hiéroglyphes parsèment aussi les ruines. Ces ruines montrent que les communautés indiennes avaient réussi à s’adapter parfaitement à leur environnement aride, bien avant l’arrivée des européens. De plus, c’est sur cette colline que les O’odham ont « inhumé avec respect » selon leurs propos, les membres d’autres tribus qu’ils ont combattues, y compris des guerriers apaches.
Des protestations étouffées
La barrière qui est en train d’être construite mesure 9 mètres de haut et traversera près de 70 kilomètres du parc national. Si la CBP a assuré mener une « surveillance environnementale« , la tribu des Tohono O’odham elle, n’a pas du tout été consultée. C’est par ailleurs ce que dénonce Paúl Grijalva, président du comité de la Chambre des ressources naturelles: « Il n’y a eu aucune consultation impliquant la nation. Ce gouvernement est simplement en train de piétiner l’histoire de la tribu – et pour dire violemment les choses, ses ancêtres. »

Et ce n’est que le début. Jusqu’à 22 sites archéologiques au sein de l’Organ Pipe Cactus National Monument pourraient être détruits. En plus de piétiner l’Histoire et les ancêtres de différentes tribus, cette zone abrite un riche écosystème jusque là préservé en Arizona, ainsi que des ossements et artefacts datant d’il y’a 2000 ans. Le gouvernement semble insensible aux contestation de ces communautés, et passe outre les lois de protection environnementale et des espèces en voie d’extinction grâce au « Real Id Act » de 2005.
La destruction des sites garantie par la loi
Cette loi est peu connue et entoure essentiellement les droits des immigrés et leurs statuts (limitation des demandes d’asile, nouvelles normes pour les permis de conduire et les cartes d’identité de non-conducteur, modification des limites de visa etc.). Mais au sein de celle-ci on trouve également le financement de projets concernant la protection des frontières et la possibilité de renoncer aux lois qui empêchent la construction des frontières physiques aux frontières. L’alinéa A de cette loi dispose que: « Le procureur général […] prend les mesures nécessaires pour installer des barrières physiques et des routes supplémentaires […] à proximité de la frontière des États-Unis pour dissuader les passages illégaux dans les zones à forte entrée illégale aux États-Unis. « . Le paragraphe C prévoit des dérogations à de nombreuses loi, dont la plus importante : la National Environmental Policy Act . Cette même loi rend presque impossible la contestation de la construction du mur sur des territoires protégés, ancestraux etc. en disposant que « Les réclamations sont interdites, sauf si elles sont déposées dans un délai de 60 jours ». Cette loi déjà été utilisée 16 fois pour la construction du mur, et le fait que l’Arizona possède énormément de terrains publics facilitent encore plus les démarches.

La construction de ce mur, qui est déjà largement contestée, est aussi une atteinte à l’intégrité des peuples qui résident aux Etats Unies, et à son Histoire même. Pourtant les Tohono O’odham manifestent depuis l’annonce de la construction du mur qu’ils savaient meurtrier pour leurs tribus. Mais Donald Trump a fourni comme seule réponse à leurs contestations l’explosion à la dynamite d’une partie de la colline considérée comme sacrée. Les Etats unies ont depuis bien longtemps, et plus concrètement en 1940 avec l’Indian Termianation Policy, négligé les tribus amérindiennes, les ont détruites, les ont forcées à « s’assimiler ». Ils s’attaquent encore une fois à ces minorités qu’ils n’ont jamais écoutées, ces minorités qu’ils n’ont jamais seulement acceptées alors qu’elles étaient là bien avant la colonisation espagnole et britannique. Donald Trump construit ce mur en disant « vouloir protéger les Etats Unies » alors qu’il ne respecte même pas les patrimoines et les tribus qu’ils abritent.
La tribu avait déjà saisi en 2017 la Cour Interamericaine des Droits de l’homme. (CIDH)